Bonjour à toutes et tous
Nous venons de passer quelques jours de vacances
en Israël ou plus précisément
dans quelques villes palestiniennes d’Israël.
On en a profité pour faire de sympathiques
visites et quelques bains dans la mer fort appréciés
par la chaleur qui règne ici. La voiture
a tenu le coup! Un miracle, juste quelques bruits
suspects, et la perte d’un rétroviseur
sur l’autoroute.
Mais aussi nous avons appris beaucoup sur la
condition de vie des Arabes Palestiniens d’Israël
et de la discrimination à leur égard,
sans oublier la « guerre démographique
» actuelle.
Tout d’abord deux jours à Saint
Jean d’Accre. La vieille ville révèle
un riche patrimoine (caravansérails, Khans,
citadelle, mosquée, etc.) et un petit port
de pécheurs plein de charme, sans oublier
une atmosphère particulière dans
le souk animé. Mais derrière cette
façade se cache la réalité
du quotidien des 28% d’Arabes palestiniens
qui vivent essentiellement dans la vieille ville.
Les conditions de vie sont difficiles, problèmes
économiques et sanitaires importants. Le
gouvernement israélien ne fait aucun investissement
financier pour contrer la misère qui s’installe
dans la vielle ville à forte majorité
palestinienne, si ce n’est dans quelques
lieux touristiques, mais l’état de
décrépitude général
des bâtiments d’habitation est affligeant.
Par contre, les moyens sont mis en œuvre
pour l’expansion de la ville nouvelle, habitée
essentiellement par des immigrés juifs
russes et éthiopiens. Bon, faut tout de
même admettre que cette ville nouvelle ressemble
à une cité dortoir plutôt
délabrée, sans véritable
centre ville, des rues droites bordées
d’immeubles d’aspect rebutant. Seules
notes de couleur: de très nombreuses et
grandes places de jeux pour les enfants.
Tout comme Bissane, Ramleh (au même aspect)…Ces
villes sont souvent des lieux de passage pour
les nouveaux arrivants juifs qui espèrent
pouvoir quitter ces lieux pour des villes plus
attractives. Mais le plus important pour le gouvernement
israélien est de modifier la structure
démographique des régions à
majorité arabe…Le plus important
est la quantité de ces nouveaux arrivants
et non leur qualité de vie.
Nazareth,
encore un exemple de discrimination. La ville
compte actuellement 70 000 habitants palestiniens
musulmans et chrétiens. Là encore
toujours le même constat de la négligence
volontaire du gouvernement israélien d’investir
dans cette ville. Nombreux bâtiments de
la vieille ville dans un état d’abandon.
La densité de population est très
importante car la superficie de la municipalité
de Nazareth ne s’est jamais agrandie, alors
que la population est passée de 14 000
habitants en 1948 à 70 000 aujourd’hui.
Et cette poussée démographique alarme
les Israéliens qui ont décidé
d’installer une nouvelle ville juive juste
à côté de Nazareth, Nazareth
Illit comprenant actuellement 40 000 habitants
et de deux zones industrielles (50 et 34 hectares)
qui polluent les terres de Nazareth. Pour la construction
de Nazareth Illit, « zone de développement
prioritaire », de nombreuses terres
palestiniennes ont été et sont actuellement
confisquées. Le constat est affligeant,
Nazareth Illit ressemble à une colonie
telle que celles que l’on trouve en Palestine,
des ensembles de maisons et immeubles entourées
de murs, au toit en tuiles, à la structure
rectiligne et peu attirante qui ne s’intègre
pas dans le paysage. La ville nouvelle surplombe
la ville historique de Nazareth, véritable
forteresse agressive, et peu à peu des
enclaves grignotent les terres et quartiers palestiniens.
Quant à l’ensemble des structures
et services gouvernementaux, ils ont été
déplacés vers Nazareth Illit. Je
ne peux que donner le nom de colonie à
ce type de nouvelle ville car même si nous
sommes en Israël, des terres sont confisquées,
des personnes encore « déplacées »
et ces villes ressemblent fortement à la
définition de l’ATG des colonies
de Cisjordanie: « Le trait caractéristique
de toutes les colonies est leur plan urbain. Leur
localisation et leur construction sont soumises
à l’accord préalable de plusieurs
ministères. Mélange d’architecture
civile et militaire, elles répondent à
une double fonction, à la fois agressive
et défensive. Installées le plus
souvent en cercles concentriques sur le sommet
des collines, leur position leur assure un contrôle
territorial et militaire des environs. L’aspect
uniforme des constructions, bâtiments serrés
et alignés, répond lui aussi à
toutes ces exigences, y compris financières ».
Donc en 60 ans, les arabes palestiniens d’Israël
n’ont jamais été intégrés,
pire tout est encore mis en œuvre pour les
inciter à partir.
Nous avons fait une petite halte pour visiter
le site archéologique de Bissane. La ville
palestinienne a été totalement rasée
en 1948 et ses 6 000 habitants musulmans
et chrétiens déportés. Ben
sur la chronologie du site qui part du fin fond
de la préhistoire jusqu’à
aujourd’hui, un « petit »
vide chronologique entre 1917 (fin période
ottomane) et 1948 (construction de la ville juive
de Beth Shean), négation complète
de la ville palestinienne.
Si certains efforts sont tout de même faits
dans ces villes touristiques, par contre absolument
rien n’est investi dans des villes comme
Ramleh, ou dans la vielle ville, là aussi
à majorité palestinienne, la situation
économique et sociale est déplorable.
Le riche patrimoine architectural tombe en ruine,
les habitants arabes vivent dans la précarité,
les services municipaux (évacuation des
déchets, éclairage public, services
sociaux, etc.) ne sont pas assurés. Par
contre, ces dix dernières années
des projets urbains (qui encerclent les quartiers
arabes) ont été mis en place pour
loger quelques 18 000 Russes et Ethiopiens
juifs nouveaux arrivants.
Population de Ramleh en quelques chiffres:
1922: 8000 Palestiniens, 35 Juifs ;
1949: 400 Palestiniens ;
1998: 10 700 Arabes musulmans et chrétiens,
49 900 Juifs.
Puis nous sommes rentrés par la Vallée
du Jourdain, route bordée de petites colonies
et d’importantes structures agricoles israéliennes.
Deux jours au bord de la piscine à Jéricho
bien mérités (surtout par 45°C)
et visite du site de Qumran (sous contrôle
israélien, comme toujours).
Sources: nos yeux et « Palestine
et Palestiniens » Groupe de Tourisme
Alternatif (ATG).
Amicalement,
Sandrine