Les enfants ont commencé l’école
sur les chapeaux de roue et sont passablement
fatigués par le changement.
Ce week-end on était à la fête
de la bière (oktoberfest) à Taybeh,
village chrétien près de Ramallah
qui produit de la bière…Bon plus
un évènement pour internationaux
avides d’alcool et un gros coup de pub pour
l’unique fabrique du coin appartenant au
maire (qui a mon avis n’en a pas forcement
besoin), qu’un véritable évènement
culturel ou de développement.
Avec une amie venue deux mois travailler comme
volontaire à l’ONG BADIL (www.badil.org),
je suis allée dimanche donner un coup de
main à l’association Lajee (www.lajee.org/english/)
et accompagner en Israël de jeunes adolescents
du camp de réfugiés d’Aïda
(Bethléem, www.un.org/unrwa/refugees/westbank/aida.html)
pour visiter les villages détruits en 48
de leurs grands parents. Pas mal de moments forts,
avec ces jeunes complètement excités
et heureux de sortir enfin de leur sordides habitations
et d’enfin découvrir autre chose.
Mais ce fut pour moi aussi un coup dur…En
effet nous sommes allés une fois pique
niquer dans un parc en Israël avec des collègues
de mon mari, ben cette place-barbecue est installée
pile poil sur un ancien village de 350 habitants
détruit en 1948!! Le coup de massue quand
on est arrivé sur place… Et
oui, pourtant il suffit d’ouvrir les yeux,
il est évident que ces ruines ne peuvent
que cacher un drame, et que ces figuiers et vignes
disséminés au milieu des pins sont
des témoignages d’une présence
humaine plus ancienne. Que cette forêt,
même si elle est magnifique, n’est
qu’artifice ! Le cœur serré
lorsque les enfants ont cueilli quelques figues
pour ramener à leurs grands parents. Saviez-vous
qu’en 1948 (En Nakba), plus de 400 villages
palestiniens ont été détruits
ou réoccupés par des Israéliens,
on compte plus de 800'000 réfugiés
et de nombreux Palestiniens tués ou blessés.
Et en 1967 (En Naksa)en 6 jours, 300'000 Palestiniens
de Cisjordanie et gaza (1/3 réfugiés
de 48) durent prendre le chemin de l’exil.
Nous sommes allés aussi voir le site de
Beit Jibrin (ancien village de 2300 habitants
bombardé en 48), aujourd’hui kibbutz
de Bet Guvrin!! Quelques magnifiques maisons palestiniennes
en ruine ou réoccupées subsistent
dans le paysage ou au milieu des infrastructures
du kibbutz. Les enfants étaient tous fous
de pouvoir courir dans les champs, d’enfin
sortir de leur camp. Nous avons fini la journée
à la mer, à Jaffa, pour la plupart
la première fois qu’ils voyaient
la mer pourtant seulement à 1h00 de route
de chez eux, et pour la plupart la dernière
fois, car après 16 ans, les enfants, même
accompagnés d’internationaux, ne
peuvent pus sortir de Cisjordanie. Nous sommes
rentrés très tard car nous n’arrivions
pas à les sortir de l’eau et à
leur faire quitter la plage!
Aujourd’hui rencontre avec un jeune architecte
d’Hébron, M. T., qui veut organiser
un workshop avec des étudiants en architecture…Le
but : les sensibiliser aux facteurs humain, environnemental,
social, etc. et développer une architecture
moderne éthique et réfléchie….Intéressant.
On va organiser en commun un séminaire
pour des étudiants d’Hébron
en novembre. En parlant d’éthique
et d’architecture, je suis en train de lire
le livre d’un architecte israélien
sur l’architecture des colonies, très
intéressant, son livre a été
censuré: Eyal Weizman «A
civilian Occupation, the politics of israeli architecture»
2002, et plus récemment il a publié
: «Hollow Land: Israel's Architecture of
Occupation», vraiment très intéressant.
Premiers jours du Ramadan, ambiance tendue…vendredi
les israéliens ont fermé le check
point près de la maison… …Musulmans
voulant aller prier, travailleurs bloqués,
soldats israéiens, volontaires EAPPI, ONU,
presse…pas mal de monde et de l’animation
pour la journée (sirènes, hurlements..)!
Nouvelle humiliation, nouvelle journée
sans revenu pour les travailleurs bloqués…
Heureusement il n’y a pas eu d’incident,
tout est resté calme, suffit de suivre
le mouvement des Palestiniens, mon voisin était
assis sur un seau tranquillement en train de repeindre
le portail…donc pas de panique, j’ai
pu aller vider ma poubelle de l’autre côté
de la rue!!!
A bientôt
Sandrine