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Une visite aux Enfants Parrainés

betlehem checkpoint
Un des rares points de passage du mur …. Quand il veut bien s’ouvrir

mur
….. Et le mur qui barre l’horizon, la liberté et l’avenir

décembre 2005

Au-delà des Murs, dans les villes, les villages et les camps de réfugiés,
les enfants palestiniens vivent, grandissent, dans l’espoir de la paix.


enfant parrainé
Ibrahim Mohamed Wadchalin
Bethleem

enfant parrainé
Ala Muhammed Azan
Camp de réfugiés de Aycheh (Ramallah)

enfant parrainé
Mahmoud Aalayab
Camp de réfugiés de Qalandyah

enfant parrainé
Ahmed Naïf Ahmed al Badawi
Al Khalil (Hébron)

enfant parrainé
Khaleel Yasser Shawamra
Al Beiha

enfant parrainé
Nadia Muhammad Shamasneh
Gatanna

enfant parrainé
Mahmoud Asad Al Qadi
Al Khalil (Hébron)

adolescent handicapé

enfant parrainé
Awed Ahmad Qaraqeh
Camp de réfugiés de Deiesche
(Bethleem)

enfant parrainé
Amir Jamal Abed Salahat et sa mère
Naplouse

enfant parrainé
Muhammad Adnan Yousef
Naplouse

enfant parrainé
Jihad Suheel Hassan
Ramallah

 

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Toutes les photos ont été prises par Jacques Pous
lors de son séjour en Palstine d’octobre à décembre 2005.

 


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Un voyage, Une prison
Témoignage bouleversant d'un militant engagé depuis la première heure aux côtés du peuple palestinien

Jacques Pous, militant anti-colonialiste, a été professeur de français bénévole durant 3 mois à Bethléem. Réfractaire de l'armée française durant la guerre d'Algérie, resté fidèle à ses engagements de fraternité et de solidarité avec les peuples opprimés, il livre dans ce récit, le drame quotidien du peuple palestinien.

 

"On a beau dire ce que l'on voit, ce que l'on voit ne loge jamais dans ce que l'on dit."

Michel Foucault.

10 décembre 2005 : après trois mois passés à Bethléem je reviens de Palestine. En France, une question fait alors la une des médias ; elle concerne le caractère supposé positif de la colonisation.: un de ces débats comme les adorent les Français lorsqu'ils veulent occulter la réalité. Pourtant, si l'on veut apprécier à sa juste valeur ce qu'est et donc ce qu'a été le colonialisme il n'est pas nécessaire de se pencher sur les livres d'histoire, il suffit de regarder ce qui se passe en Palestine occupée ; mais encore faudrait-il n'être ni aveugle, ni sourd, ni autiste.

Le colonialisme sioniste, comme tous ceux qui l'ont précédé, ne peut en effet prospérer qu'en s'enracinant dans le mensonge, la fiction ou le déni. Mensonge des mots que les médias utilisent ; ainsi, là où il y a un mur de 8 à 10 mètres de haut qui balafre et enlaidit le paysage, la quasi totalité de la corporation journalistique ne voit qu'une barrière dite "de sécurité" (définition de barrière dans le Petit Robert : assemblage de pièces de bois, de métal qui ferme un passage, sert de clôture. Voir clôture, haie, palissade !). Pourquoi ne parle-t-on pas plutôt de "haie de sécurité" ? Ce serait quand même plus champêtre et plus agréable à vivre pour les Palestiniens ! Là où il y a des résistants, les mêmes ne voient que des terroristes. Pour désigner les bantoustans où des centaines de milliers de Palestiniens subissent une occupation qui, par sa violence et son inflexibilité, a peu d'équivalent dans l'histoire des colonisations, les médias respectueux ne parlent que de territoires alors qu'il s'agit, bien entendu, de territoires occupés.

Par ailleurs, on nous demande d'admettre comme allant de soi qu'il devrait exister, pour des occupants qui spolient jour après jour les terres et les biens des autres, un quelconque droit à la sécurité ; on nous demande aussi de trouver légitime que des Russes, des Américains, des Français, des Éthiopiens, etc…, quelle que soit leur appartenance religieuse, puissent revendiquer, au nom de mythes vieux de plus de 2000 ans, un droit de propriété exclusif sur une terre peuplée depuis des siècles par d'autres ; on nous somme enfin d'admirer le modèle démocratique d'un pays qui, depuis sa naissance, a élu démocratiquement un quarteron de dirigeants ( Ben Gourion, Begin, Shamir, Sharon ) qui auraient dû, s'il n'existait pas "deux poids, deux mesures", être jugés comme de vulgaires criminels de guerre.

A ceux qui ne savent pas ce qu'est le colonialisme, je conseille de venir vivre quelques mois en Palestine ; ils verront que le colonialisme c'est la destruction de la société autochtone, de ses structures économiques et politiques, le cantonnement, comme en Algérie, des populations colonisées dans les zones les moins fertiles, l'accaparement de l'eau et des terres (comme le fait Israël, depuis 1967, dans la vallée du Jourdain et partout ailleurs). Le colonialisme, c'est aussi le déni de la souffrance de l'Autre (si Israël reconnaissait au moins sa part de responsabilité dans ce que les Palestiniens subissent, beaucoup y verraient sûrement un geste de bonne volonté et la possibilité d'entamer un dialogue); le colonialisme, c'est le déni de la culture et de la religion de l'Autre : c'est, par exemple, à Jérusalem, le musée archéologique de Palestine, rebaptisé musée Rockefeller, dépouillé, depuis 1967, de ses plus belles pièces et laissé à l'abandon ; ce sont les mosquées détruites, ce sont les mosquées profanées comme celle de Césarée, reconvertie en café - restaurant (le Charlie's bar) ou celle de Tibériade transformée, après que la ville ait été vidée de sa population palestinienne, en simple décor touristique. Le colonialisme, ce sont encore les chrétiens de Bethléem qui ne peuvent que très difficilement se rendre à Nazareth (l'obtention d'un éventuel permis d'une journée exige en effet de longues heures de démarches humiliantes), ce sont les musulmans de Bethléem qui ne peuvent aller prier, à quelques kilomètres de chez eux, à Jérusalem, au Haram esh-Sharif (l'esplanade des mosquées), le troisième Lieu Saint de l'Islam. Mais, nous dira-t-on, et c'est ce qu'ont dit les députés français au sujet de la colonisation en Afrique, le colonialisme construit des routes, des barrages, des adductions d'eau, il fait fleurir le désert, il développe l'agriculture, l'industrie et le commerce ; il favorise la libre circulation des biens et des personnes… Il y a, en effet, en Palestine occupée, de magnifiques routes de contournement (by pass roads) qui mènent aux colonies mais sont interdites aux Palestiniens ! Mais pourquoi se plaindre puisqu'on peut, comme cela m'est arrivé, faire un aller-retour Bethléem - Naplouse en seize heures au lieu de deux, emprunter les belles routes palestiniennes qui vous obligent à contourner les colonies, à faire en plus d'une heure ce que l'on pourrait faire en dix minutes, à passer sous des routes interdites où circulent aussi facilement que chez nous des voitures qui ont le privilège, elles, d'avoir les plaques minéralogiques israéliennes.

Enfin, dans un système colonial, ce sont surtout les plus faibles qui souffrent, les enfants en particulier ; j'ai pu malheureusement le constater au cours des nombreuses visites que j'ai faites auprès des enfants qu'en collaboration avec Inash al-Usra nous parrainons ; c'est, à Bethléem, Ibrahim dont le père, bloqué à un check-point, est décédé faute de soins ; à El Janiya, c'est Amir, le benjamin de 6 enfants, dont le père souffre de troubles mentaux à la suite des coups reçus de la part des Israéliens ; c'est Ahmad, dans une famille de 10 enfants dont le fils aîné a fait 16 mois de prison, qui végète dans le camp de Al-Aroop ; c'est, dans le camp de Talouza, Ameer, ses parents, ses 5 frères et ses 2 sœurs qui, après plus de 50 ans, rêvent encore du jour où ils pourront retourner dans leur ville de Haïfa ; c'est enfin, à Al Qatanna, Nadia (13 ans) dont le père a été emprisonné à vie quand elle avait deux mois et auquel elle ne peut rendre visite que tous les deux ou trois ans, selon le bon vouloir des autorités d'occupation.

Ainsi en va-t-il du quotidien des Palestiniens, fait de souffrance, de frustration, d'humiliation et de résistance. Aucun discours sur l'antisionisme, l'antisémitisme ou la diabolisation supposée d'Israël ne pourra occulter cette réalité ; les faits sont têtus ; il s'agit seulement de les faire connaître. Quant à notre Occident, il serait temps qu'il en finisse avec ses ingérences. Durant des siècles, nous n'avons eu de cesse d'apporter à l'Autre d'abord la vraie religion, puis la civilisation et la modernité et enfin les Droits humains et la démocratie ; il serait temps que cela cesse. Les Palestiniens ne veulent plus qu'on leur dise pour qui ils auraient ou non le droit de voter ; ils ne veulent plus que l'on accorde le droit du retour à ceux qui ne sont jamais partis et qu'on le refuse à ceux qui ont été chassés de leurs maisons et de leurs terres ; ils ne veulent plus de faits accomplis qui créeraient le Droit ; ils pensent que tout peuple a le droit de vivre libre et c'est pourquoi ils affirment que la lutte contre toute forme de colonialisme a été et sera toujours légitime.

Jacques Pous

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