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Témoignages
des missions civiles:
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De retour de Palestine en passant par Israël:
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autres rapports de missions
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présentation des missions civiles
autres textes de la 18e mission:
>> email 1:
Jérusalem et Hébron
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Naplouse
>> Observations de jugements
de mineurs par le tribunal militaire d'exception de Beituniya
>
journal de la 18e mission [pdf 2Mo]
lettres de lecteurs et articles:
>"la
furie de l'armée israélienne" - Le
Courrier - 03/08/06
>
"Missions pour le Patrimoine de Palestine, Objectifs et
Impressions" - SolidaritéS n°102
- 14/02/07
>
flyer programme de la mission patrimoine [pdf 330Ko]
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De
retour de Palestine en passant par Israël |
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Nous ne sommes ni des politiciens, ni des journalistes,
ni des célébrités; nous sommes
simplement des gens qui, suite à un article
d’Avraham Burg sur les dérives du
Sionisme, se sont interrogés sur ce qui
se passe vraiment dans cette partie du monde.
Depuis lors, nous nous intéressons à
la Palestine et nous avons suivi de plus près
ce brûlant conflit. Certains médias
nous paraissaient partiaux, d’autres exagérés,
d’autres encore indifférents. Nous
ne pouvions croire qu’un état puisse
commettre de telles exactions vis-à-vis
d’un autre état sans que l’ONU
ou l’Union européenne réagissent
; nous ne pouvions croire qu’un état
puisse violer, en toute impunité, les Conventions
de Genève, les résolutions de l’ONU
et de la Cour internationale de Justice sur la
construction du Mur de séparation sans
que le monde s’indigne. Nous avons donc
décidé d’aller voir nous-mêmes
sur place. Nous revenons de Palestine, atterrés
par ce qui s’y passe et, surtout, par l’immobilisme
de la communauté internationale devant
l’ampleur de la catastrophe humanitaire
qui s’y prépare, ce que les récents
évènements ne manquent pas de confirmer
Une mission civile suisse sur le patrimoine,
composée d’architectes et d’archéologues,
se rendait en Israël et en Palestine pour
examiner les sites archéologiques et les
bâtiments datant de l’empire ottoman
et évaluer les dommages créés
par le temps et le conflit. Nous avons eu la grande
chance de pouvoir nous joindre à eux.
Nous sommes partis de Genève le 18 juin
dernier. L’arrivée à Tel-Aviv
fut sans histoire, à part des questions
très détaillées sur les raisons
de notre visite, les hôtels où nous
allions loger, si nous avions de la famille, etc…
Nous ne voulions pas mentionner notre intention
de nous rendre dans les territoires occupés,
par crainte d’y être empêchés
par les autorités israéliennes.
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Jérusalem
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Hébron
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Ramallah
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Naplouse
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retour
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De retour de Palestine en passant par Israël:
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Nous avons visité
Jérusalem, dont Jérusalem Est, Hébron,
Ramallah et Naplouse. Partout, sans exception,
nous avons été accueillis chaleureusement.
A Jérusalem, deux jeunes gens d’une
association israélienne nous ont montré
la différence de traitement de la municipalité
de Jérusalem entre les quartiers Ouest,
israéliens, et les quartiers Est, arabes
d’origine palestinienne, qui représentent
20% de la population totale d’Israël.
Nous avons d’abord traversé un quartier
Ouest puis un quartier Est. Dans le premier (israélien),
les routes et jardins publics sont propres et
bien entretenus, les haies parfaitement taillées,
les ordures sont ramassées trois à
quatre fois par semaine. Dans
le second (arabes d’origine palestinienne,
que les autorités de Jérusalem tentent
par tous les moyens de faire partir), les routes
sont pleines de trous, nous n’avons pas
vu de jardins publics et les ordures restent sur
le bord des routes à la merci de chiens
et chats errants (voir
photo ci-contre). Nos deux guides nous
ont expliqué que, dans les quartiers Est,
les ordures n’étaient ramassées
qu’une à deux fois par mois et encore,
que les routes n’étaient pas entretenues
et que l’eau était coupée
plusieurs fois par jour. Nous avons retenu une
impression d’abandon de ces quartiers par
les municipaux. Le contraste est saisissant et
nous avons été très choqués
par ces différences. Nous avons ensuite
été conduits dans la colonie de
Maale Adoumim et les belles maisons, les gazons
verdoyants, les fontaines, les parterres de fleurs
aux arrosages automatiques, ont confirmé
les dires de nos deux guides. Partout, nous avons
remarqué un grand nombre de drapeaux israéliens
sur des maisons et bâtiments. Par contre,
pas un seul drapeau palestinien même dans
les quartiers Est. Nos guides nous ont informés
qu’il était interdit, sous peine
d’emprisonnement, de hisser un drapeau palestinien.
Nous avons d’ailleurs observé chez
l’un d’eux de l’indignation
et de la tristesse de devoir faire un tel constat
sur les autorités de son pays. Tous les
deux étaient des refuzniks, c’est-à-dire
qu’ils refusaient de faire leur service
militaire dans les territoires occupés
et, par conséquent, ont fait de la prison.
Nous saluons, au passage, le courage, la pugnacité
et la sensibilité de ces deux jeunes gens.
Nous savons qu’il y en a beaucoup d’autres
comme eux.
Nous avons également pu constater l’attitude
des colons installés en pleine vieille
ville de Jérusalem. Des colons, occupants
des étages supérieurs de maisons
anciennes qu’ils avaient obtenues en harcelant
les habitants d’origine palestinienne, à
un point tel qu’ils finissaient par leur
vendre leur maison et partir, continuent leur
harcèlement des occupants des étages
inférieurs, dans le même but, en
jetant leurs ordures qui atterrissent dans les
cours. Certains habitants, qui ne veulent en aucun
cas quitter leur maison, car c’est leur
manière à eux de résister,
tendent des grillages au dessus de leur cour pour
que les ordures ou d’autres objets, comme
par exemple des bouteilles de gaz vides, ne blessent
pas leurs enfants. Un passage par les toits de
ces maisons a même été construit
par un gouvernement européen pour permettre
aux colons de circuler librement, pour aller prier
sans passer par les quartiers arabes. Une tour,
occupée par des soldats israéliens,
a été installée pour veiller
à leur sécurité et empêcher
la population arabe de s’y aventurer.
Nous avons eu l’occasion de visiter le
ravissant couvent arménien dont la communauté
chrétienne orthodoxe subit les mêmes
traitements que la communauté musulmane.
Lors de notre visite, nous avons remarqué
une belle église, en cours de construction,
avec des échafaudages qui avaient l’air
très ancien. A notre étonnement,
devant cet édifice à moitié
achevé, il nous a été répondu
que le permis de construire leur avait été
retiré car la communauté avait refusé
de vendre un terrain qui jouxtait leur église
à la municipalité de Jérusalem.
Il leur était, depuis, interdit d’utiliser
ou d’entretenir ce terrain. Nous avons été
informés qu’au bout d’un certain
temps, la communauté arménienne
n’étant pas autorisée à
l’utiliser, la municipalité se l’appropriait,
se référant pour ce faire aux lois
israéliennes sur les terrains en friche
(article 24 de la loi 5709).
Jérusalem est une ville magnifique dont
le charme réside dans tous ces peuples
et religions qui s’y croisent. Israël
s’en est emparé et s’évertue
à ce qu’elle devienne sa capitale,
excluant tout ce qui n’est pas juif.
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barrage à Hébron |
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Nous nous sommes ensuite dirigés vers
les territoires occupés de Cisjordanie
et les villes d’Hébron, Ramallah
et Naplouse. Nous avons fait l’expérience
des longues attentes et des fouilles au passage
des nombreux check points A chaque fois, nos passeports
étaient examinés et nos bagages
passés au crible. Les palestiniens subissaient
le même traitement mais avec des vérifications
d’identité encore plus minutieuses.
Aller à son travail, tous les matins et
en revenir tous les soirs, doit représenter
un vrai parcours du combattant.
Hébron, les
colons jettent leurs ordures sur leurs voisins
palestiniens
Nous sommes allés en premier lieu à
Hébron. Hébron est divisée
en deux secteurs. Le secteur H1, sous autorité
partielle palestinienne, et le secteur H2, dont
la vieille ville, sous autorité de l’armée
israélienne. Dans le secteur H2, les barrages
de contrôle sont partout ; des rues sont
fermées par de gros fûts remplis
de béton, de lourdes portes en fer, de
gros blocs de pierre ou des barbelés, obligeant
la population palestinienne à faire de
grands détours et aux commerçants
des routes barrées à fermer leur
magasin. On dénombre à Hébron
187 points de clôture. Nous avons aussi
noté 300 jours de couvre feu pendant ces
dernières trois années. Là,
encore, des colonies se sont installées
en plein milieu de la vieille ville dans les étages
supérieurs et nous avons rencontré
le même problème qu’à
Jérusalem quant aux ordures. Des grillages
ont également été tendus,
au dessus du vieux marché, afin de protéger
les passants des immondices jetées par
les colons. La plupart des échoppes sont
fermées par ordre de l’armée.
Quelques habitants, cependant, osent ouvrir mais
pas tous les jours. Il faut bien vivre. La colonie
de Kiryat Arba est située sur une colline
au-dessus de la vieille ville et les colons, qui
sont presque tous armés, font souvent des
descentes, usant de violence vis-à-vis
de la population dont des enfants. Nous avons
rendu visite à une association locale qui
fait office d’hôpital, d’école,
de centre d’accueil pour les enfants, d’aide
aux femmes seules suite à la mort de leur
mari ou à leur emprisonnement, etc…
Une des principales activités de ce centre,
qui est la seule structure de ce type pour couvrir
les besoins médicaux des 40.000 habitants
du secteur H2, consiste en soins psychiatriques
aux enfants victimes de violences. Les enfants,
fréquemment harcelés par les colons,
développent des attitudes agressives et
doivent avoir accès à un suivi psychiatrique
approfondi. Nous avons, nous-mêmes, en traversant
la zone H2, dû calmer des enfants qui voulaient
nous frapper. Ce centre, composé essentiellement
de bénévoles, fait un travail tout-à-fait
remarquable, particulièrement quand on
considère les difficultés de leur
vie quotidienne. Nous avons constaté qu’il
manquait de tout, particulièrement de médicaments.
Les palestiniens se rendent parfaitement compte
que leur avenir réside dans leurs enfants
et ils ne reculent devant aucun sacrifice pour
qu’ils reçoivent des soins et une
éducation appropriés. Il y a des
écoles dans tous les quartiers et, quand
l’une d’entre elles est détruite,
la relève est assurée par le centre
ou les habitants.
Une organisation locale, spécialisée
dans la réhabilitation du patrimoine, composée
d’archéologues, d’architectes
et d’ingénieurs palestiniens nous
a fait visiter les bâtiments ottomans anciens,
détruits par les incursions de l’armée
et qu’ils restauraient au fur et à
mesure de leurs moyens financiers. Nous avons
été très impressionnés
par leur efficacité et leur constance,
sans jamais baisser les bras à reconstruire,
restaurer, réhabiliter. Que se soit à
Hébron, Ramallah ou Naplouse, nous avons
pu observer que la conservation de leur patrimoine
revêt de plus en plus d’importance
pour ce peuple, qui ne se résignera jamais
à demeurer sous occupation. Ils ont une
manière non violente de résister;
rester, ne pas quitter la Palestine malgré
une vie faite d’humiliations et de dangers
quasi quotidiens. A notre grande surprise, nous
n’avons rencontré aucune haine, seulement
un constat de la vie qu’ils mènent,
sans même se plaindre ; comme si l’habitude
était prise de vivre ainsi.
Le village de Twaneh
(en bas) et la colonie qui le surplombe
Nous avons visité plusieurs villages autour
d’Hébron. Notre bus ayant des plaques
palestiniennes, et comme il est interdit aux palestiniens
d’emprunter les routes israéliennes,
nous avons dû faire un grand détour
par des pistes en terre, souvent arrêtés
par de gros blocs de pierre, pour nous rendre
au petit village de Twaneh. Nous avons admiré
la dextérité de notre chauffeur
à slalomer entre les monticules de terre
et les blocs de pierre, sans renverser le bus.
Ce petit village isolé, qui est peuplé
d’à peine 300 habitants et qui suinte
la misère, est constamment harcelé
par les colons des deux colonies installées
sur les hauteurs avoisinantes. Ils attaquent les
enfants, les empêchant d’aller à
l’école, empoisonnent l’unique
puits d’eau avec des animaux morts et font
des descentes régulières afin d’effrayer
les villageois. Nous avons rencontré quatre
jeunes femmes, volontaires d’associations
américaines et italiennes pour la paix,
qui vivent dans le village afin de protéger
les villageois, adoptant les mêmes conditions
de vie qu’eux. Il leur arrive, à
elles aussi, de subir l’agressivité
des colons. Ces volontaires sont relayés
par d’autres à peu près tous
les deux à trois mois. Nous avons bavardé
un peu avec elles et, surtout, exprimé
notre soutien. Nous saluons aussi le courage et
l’engagement de ces jeunes gens. En pensant
à l’attitude des colons, qui sont
pour une grande majorité très religieux,
nous ne pouvons nous empêcher de nous demander
comment ils pouvaient ensuite aller prier, la
conscience tranquille.
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De retour de Palestine en passant par Israël:
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Ramallah, qui est considérée comme
la capitale temporaire de la Palestine, est une
ville bouillonnante de vie. Il n’est pas
question de se laisser aller au désespoir
en dépit du Mur, des nombreux barrages
militaires, des colonies aux alentours, de la
pauvreté. Les fonctionnaires n’étant
pas payés depuis plusieurs mois, suite
aux résultats des élections qui
pourtant ont été un modèle
d’ordre et de démocratie mais qui
n’ont pas eut l’heur de plaire aux
Etats-Unis et à l’Union européenne,
l’économie de la ville s’en
ressent profondément. Une organisation
palestinienne de réhabilitation du patrimoine
nous a fait visiter des bâtiments anciens
qu’elle restaure ou consolide en fonction
des fonds dont elle dispose. Le but des architectes
et des archéologues de cette organisation
est d’en faire profiter la population en
y installant des écoles, des centres aérés,
des ateliers d’apprentissage, des centres
de musique, etc… Comme à Hébron,
les habitants et surtout les enfants sont très
impliqués dans tout ce qui touche à
la conservation du patrimoine. Des concours de
dessins sont organisés pour les enfants
qui donnent libre cours à leur imagination,
leur permettant de s’exprimer aussi par
le dessin.
Nous avons visité des villages autour
de Ramallah. Nous devions nous rendre dans un
centre historique, mais la vue d’une longue
file de voiture à un check point nous a
incité à changer de programme et
nous avons alors pris la direction de Taybeh,
joli petit village chrétien qui, lui aussi,
restaure ses anciennes maisons et une église
datant de l’époque byzantine, avec
fierté. Le village produit la seule bière
palestinienne, la « Taybeh », qui
est d’ailleurs délicieuse, et dont
la brasserie tourne rondement, donnant du travail
à une partie du village.
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De retour de Palestine en passant par Israël:
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checkpoint de Naplouse |
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Après avoir traversé un certain
nombre de barrages de contrôle, nous avons
atteint la belle ville de Naplouse. Naplouse est
entourée de montagnes et la vieille ville
est de toute beauté, enfin ce qu’il
en reste après les attaques de l’armée
israélienne en 2002 et la destruction de
nombreux édifices, datant principalement
de la période ottomane, sans parler des
nombreuses pertes civiles. Nous avons eu le privilège
d’avoir un architecte, originaire de Naplouse,
pour guide. Nous avons pu constater le travail
fourni par un centre de réhabilitation
du patrimoine qui, avec l’aide d’une
organisation internationale, restaure et /ou consolide
les édifices détruits ou endommagés.
Nous avons pu admirer les travaux de restauration,
en cours, de plusieurs belles maisons ottomanes
et d’un caravansérail détruits
en 2002. Ce
qui est détruit est reconstruit le plus
rapidement possible et selon les moyens financiers
disponibles. Aucun découragement parmi
les archéologues et architectes ; leur
patrimoine est précieux. A Naplouse, également,
les habitants et les enfants prennent part à
ces activités de réhabilitation
avec enthousiasme. Nous avons vu tout un lot de
portes, provenant de bâtiments devant être
restaurés, peintes par des enfants. Il
y avait des peintures de ballons de couleurs sur
un fond de ciel bleu, d’oiseaux aux ailes
déployées, d’oliviers, de
mer, de montagnes. Ces portes serviront à
la restauration ou la construction d’habitations
pour la population. Nous avons pu aussi visiter
une des six savonneries artisanales (voir
photo ci-contre), qui représentent
une source économique importante pour la
ville.
Naplouse est quasiment en état de siège
depuis plus de 5 ans. Pour une population de 300.000
habitants (ville et villages aux alentours) il
y a 4 barrages de contrôle et 74 points
de clôture. Les formalités, pour
entrer ou sortir de la ville, sont lourdes et
des autorisations de circulation officielles pour
les palestiniens doivent être délivrées
par les autorités israéliennes.
Certains habitants ne sont jamais sortis de la
ville. Nous avons pu visiter l’Université
de Naplouse qui nous a impressionné par
le nombre d’étudiants, hommes et
femmes, et leur volonté de suivre les cours
à tout prix, alors que, pour certains étudiants
des villages, se rendre à l ‘université
à l’heure chaque matin est extrêmement
difficile. Certains en sont morts suite aux attaques
des militaires sur la ville et les villages.
Nous sommes restés à Naplouse
les trois derniers jours de notre mission dont
le vendredi 30 juin. Chaque nuit, l'armée
israélienne fait des incursions dans la
ville, particulièrement dans la vieille
ville, détruisant magasins, sites anciens,
trottoirs, etc…, que les habitants de Naplouse
reconstruisent avec une constance exemplaire.
Toutes les nuits, à partir de 23 heures,
nous avons entendu des tirs et des explosions.
Dès 22 heures les rues sont désertes.
Le lendemain d’une de ces trois nuits nous
avons pu constater la destruction d’un très
ancien caveau de famille comportant sept tombeaux.
Le 30 juin, à 6h du matin, l’armée
est à nouveau entrée dans la ville
et a commencé à tirer. Nous avons
vu des jeunes garçons armés de pierres
qui dévalaient dans les rues et des blindés
qui les poursuivaient. Il semblait y avoir une
dizaine de véhicules militaires pleins
de soldats, plus des bulldozers dont, paraît-il,
le but était « d’arrêter
» quatre jeunes gens qui s’étaient
réfugiés dans un cimetière.
Les tirs et les explosions ont continué
sans cesse pendant toute la journée avant
qu’un des jeunes hommes (il avait 16 ans)
ne soit tué et un autre, blessé,
qui serait mort à l’hôpital
quelque temps après. La scène qui
a suivi la mort du jeune homme tué sur
place était cauchemardesque. Les soldats
voulaient s’approprier le corps du jeune
homme qu’ils venaient de tuer. Une vingtaine
de palestiniens, y compris la mère et les
ambulanciers, ont finalement réussi à
les en empêcher. Nous avons trouvé
suspecte l’ardeur des soldats à vouloir
à tout prix s’emparer du corps du
jeune homme. Nous avons appris par la suite que
plusieurs arrestations avaient eu lieu, ce jour
là, notamment dans le camp de réfugiés
situé près du camp de Balata.
Nous avons tenu à visiter le camp de réfugiés
de Balata, dans la banlieue de Naplouse. Malgré
la volonté des habitants de ce camp de
faire pour le mieux, avec le peu qu’ils
ont, la misère est partout. Peu ou pas
d’eau, coupures de courant fréquentes,
difficultés de ravitaillement, chômage,
habitations exigües, conditions d’hygiène
très précaires, etc… A
l’origine, un terrain leur avait été
alloué par un propriétaire palestinien
mais, avec presque 40 ans d’occupation,
il est évident qu’un agrandissement
du terrain était nécessaire pour
accueillir les générations suivantes.
Comme les autorités israéliennes
n’autorisent pas l’extension au sol
du camp, les constructions se font en hauteur
et avec très peu d’espace entres
elles, donc pas ou peu de lumière pour
les étages inférieurs. Il y a une
rue principale et puis de toutes petites allées,
de 1,50m de large (voir
photo ci-contre), pour circuler dans le
camp entre les bâtiments et ainsi gagner
le maximum de place.
Nous avons rencontré des officiels de
Naplouse qui nous ont accueillis avec chaleur.
Ils nous ont décrit leurs problèmes
mais surtout leur inquiétude pour les habitants
qui, pour un bon nombre, assumaient mal cette
vie, difficilement supportable, dont les conséquences
étaient souvent l’éclatement
des familles et les violences conjugales, les
enfants étant les premières victimes.
Des centres spécialisés ont été
crées pour gérer ces situations,
mais ils étaient visiblement très
concernés par ce problème et comment
le résoudre dans les conditions actuelles
de leur existence. Néanmoins, ici aussi,
aucun signe de résignation.
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De retour de Palestine en passant par Israël:
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checkpoint de Ouara |
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Pour retourner à Jérusalem, à
partir de Naplouse, nous avons dû traverser
trois barrages de contrôle. Nous prîmes
un taxi qui nous conduisit au premier barrage
de Ouara, que nous traversâmes à
pied, après avoir observé les formalités
d’usage ; de l’autre côté
nous prîmes un deuxième taxi qui
nous conduisit au check point de Ram puis un autre
pour le barrage d’Atarot. Nous avons eu
de la peine à digérer les bandes
annonces qui défilent devant nos yeux lors
des attentes aux check points : « welcome
to the terminal of Atarot (ou autre) ».
D’une manière générale,
nous avons pu observer l’implantation de
colonies qui poussent comme des champignons sur
les terres palestiniennes et entourent les villes.
L’installation de toutes ces colonies forme
une sorte de toile d’araignée, reliée
à Jérusalem et Tel Aviv par des
routes interdites à la population palestinienne.
Comme les colonies sont protégées
par d’importants contingents militaires
israéliens, des check points, barrages
de tout genre et routes fermées, il n’est
pas difficile d’imaginer l’entrave
qu’elles représentent pour le quotidien
de la population autochtone. Ce grignotage permanent
de terres, qui n’appartiennent pas à
Israël, s’appelle tout simplement du
vol à grande échelle.
Nous avons vu aussi, de très près,
ce mur omniprésent, monstrueux, qui atteint
parfois 10m de haut et bouche l’horizon
des habitants des deux côtés, empêchant
toute communication entre les deux peuples et
emprisonnant littéralement les palestiniens
dans de grands pénitenciers à ciel
ouvert ;
quel espoir de paix alors ? Nous avons dû
le traverser par des check points, nous ne savons
plus combien de fois. Nous nous sommes mis à
la place des enfants et adolescents grandissant
à côté de cette muraille de
béton et nous nous sommes dits «
nous ne pouvons pas passer par dessus, ni par
les côtés, ni par dessous, ni voir
ce qui se passe de l’autre côté,
alors quel avenir avons nous ? ». Si nous
ne faisons rien pour que la Palestine devienne
libre et obtienne une paix juste dans leurs frontières
et non pas dans celles décidées
unilatéralement par le gouvernement Olmert,
alors, effectivement, les enfants de Palestine
n’ont aucun avenir.
La veille de notre départ, nous avons
assisté à une manifestation de pacifistes
israéliens, à Jérusalem,
devant le ministère d’Ehud Olmert.
Les slogans étaient en hébreu mais
nous avons demandé à plusieurs manifestants
de nous les traduire ce qu’ils ont fait
très aimablement. Tous demandaient l’arrêt
de l’occupation et une paix juste pour la
Palestine, que ce soit dans le cadre d’un
seul pays Israël/Palestine ou de deux pays
; la Palestine, dans les frontières de
1967. Ils devaient être à peu près
400.
une parmi les multiples
routes barrées de Cisjordanie
Fin
du voyage
Nous avons quitté la Palestine, le 2 juillet,
le cœur gros.
Et, maintenant, cette attaque sur Gaza et le
Liban. Est-ce que la libération du soldat
israélien Shalit vaut tant de destruction
et de mort ? Est-ce que, par hasard, la vie d’un
soldat israélien vaudrait plus que celle
d’un palestinien ou d’un libanais
? Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire
à la version officielle de cette attaque
d’Israël sur la Palestine et le Liban
; il doit y avoir une autre raison, beaucoup plus
politique, la responsabilité principale
en incombant probablement aux Etats Unis, mais,
comme nous l‘avons mentionné plus
haut, nous ne sommes pas des politiques. Cependant,
nous sommes las des déclarations de nos
gouvernements et des parti-pris de l’information
en faveur de l’Etat d’Israël.
Israël, qui possède une des armées
les plus sophistiquées du monde et qui,
sous prétexte de libérer trois de
ses soldats, a tué ces dernier jours des
centaines de civils palestiniens et libanais,
y compris de nombreux enfants, et détruit
des infrastructures indispensables à la
vie des populations, a le droit de se défendre
mais de qui Grand Dieu? En ce qui concerne la
Palestine, d’une poignée de groupes
armés, qui lancent des roquettes Kassam
artisanales qui ne touchent personne, de quelques
désespérés qui se font exploser?
Bien sur que nous condamnons ces actes mais nous
condamnons encore plus sévèrement
les agissements d’un état qui les
pousse à de tels actes et qui se pose en
victime alors que son armée usurpe la terre
qui restait au peuple palestinien et inflige des
horreurs à une population, emprisonnant
et tuant femmes, enfants, vieillards; détruisant
maisons et écoles ; arrachant plantations
d’oliviers, détournant les cours
d’eau à son profit, implantant des
colonies en toute illégalité sur
les terres palestiniennes et des routes interdites
aux palestiniens, construisant un mur de séparation
qui n’a rien de sécuritaire et des
barrières de contrôle, qui font de
la vie quotidienne de la population autochtone
un vrai cauchemar.
Nous avons vu et nous ne pourrons plus fermer
les yeux sur le drame de la Palestine. Pour qu’Israël
fasse fi du droit international humanitaire et
tyrannise les palestiniens afin que pas un seul
d’entre eux ne reste en Palestine ; pour
que l’église de Rome ne dise mot
devant ce désastre humanitaire qui se déroule
quasiment devant sa porte ; pour que l’ONU
ne dénonce pas, haut et fort, les violations
de ses résolutions et que l’Union
européenne affame une population, sous
prétexte qu’elle n’a pas voté
selon ses vœux et, pour que nous, nous mêmes,
pour la plupart, restions indifférents,
ne serions-nous pas en train de perdre nos valeurs
fondamentales de vie?
De quoi avons-nous peur ? D’être
accusés d’antisémitisme ?
Mais il ne s’agit pas ici d’antisémitisme.
L’Etat d’Israël, qui ose ces
derniers jours faire référence à
l’obligation pour le Liban de respecter
la résolution de l’ONU 1559, alors
que, sans vergogne, il passe outre depuis près
de quarante ans aux résolutions de l’ONU
et aux Conventions de Genève concernant
la Palestine, est un état comme un autre
et devrait être dénoncé et
sanctionné comme n’importe quel autre
état. La tragédie de l’holocauste
n’autorise pas Israël à être
au dessus des lois et à opprimer un peuple
jusqu'à ce qu’il en meure.
C.F. et N. F.
juillet 2006
18e
mission civile suisse
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