Au tribunal
Nous sommes allés au tribunal trois
fois.
La première fois c'était le lundi
4 mai, trois jours après notre arrestation.
Quand nous sommes arrivés à la
Cour l'avocat a commencé notre défense
en donnant au juge un DVD montrant nos activités
lors de la fête du Travail. Le juge regarda
le film pour évaluer ce qui pouvait être
dangereux dans nos activités et si nous
étions une menace pour la sécurité
de l'Etat, l'avocat demanda au juge de nous
relâcher rapidement. Ensuite le procureur
déclara que nous étions une source
de danger pour l'Etat et qu'il ne voulait pas
que nous soyions libérés avant
l'acte d'accusation, car selon lui "ils
frappent les soldats et provoquent des problèmes
avec les soldats", arguant que ce phénomène
dangereux se répète en de nombreux
endroits.
L'avocat fit remarquer que 7 personnes avaient
été arrêtées, dont
un israélien et un britannique relâchés
après 4 heures, alors que les autres
ne furent pas relâchés; il demanda
pourquoi cette distinction entre des civils.
Puis le juge dit: "je n'ai pas trouvé
de preuve qu'ils représentent une source
de danger contre l'armée, donc j'ordonne
qu'ils soient relâchés maintenant,
mais contre une caution de 5000 NIS".
A quoi le procureur répliqua: "Nous
avons le droit de faire appel contre cette décision
jusqu'à ce que nous ayons déposé
l'acte d'accusation." Et le juge dit "OK.
nous vous accordons deux jours pour le faire"
et ils nous ramenèrent en prison.
Nous revînmes au tribunal le jeudi 7
mai, le même scénario se répéta
encore une fois avec un autre juge, mais il
augmenta la caution à 10000 NIS. Le procureur
répéta qu'il avait besoin de plus
de temps pour préparer l'acte d'accusation
et que c'était son droit. Le juge dit
"OK. je vous laisse 3 jours de plus, mais
c'est la dernière fois."
A la fin nous retournâmes au tribunal
le mardi suivant et le procureur ne présenta
aucune accusation contre nous, mais le juge
exigea des cautions de 20000 NIS pour Mahmoud,
20000 NIS pour Azmi, 10000 NIS
pour Mustafa.
Au tribunal pour Mohammed
Brijya et son frère Hasan
C'est encore plus compliqué pour eux,
car ils ont été arrêtés
auparavant en 2007 et 2008 lors de manifestations,
ce qui représente une bonne excuse pour
le procureur pour faire appel contre eux, et
donc il cherche à retarder le procès
le plus possible.
Le plus étrange c'est qu'ils veulent
nous punir en nous gardant en prison le plus
longtemps possible sans raison; et en plus ils
nous font payer des cautions en guise de punition
collective.
Le trajet de la prison
au tribunal
J'ai vu Jérusalem, je l'ai traversée.
Le pire moment c'était quand nous avons
entendu le son des sirènes des voitures
de police quand ils sont venus nous chercher
à la prison.
Ils nous ont appelés et ont commencé
à nous punir nous liant les mains et
les jambes, nous forçant à courber
la tête, alignés à la queue-leu-leu
les mains sur les épaules du précédent,
nous poussant dans la voiture spéciale
qui semblait une caverne où l'on ne pouvait
se voir les uns les autres, 5 personnes dans
un espace fait pour deux, avec les pires soldats
que j'ai rencontré de ma vie, je les
entendais parler entre eux parfois en hébreu
parfois en russe.
Quoi qu'il en soit, nous avons pu traverser
Jérusalem, j'ai réussi à
sourire mais je n'ai pas pu la voir.
Les jours en prison
Ce furent les jours de la pire humiliation
de la part des soldats, particulièrement
quand ils nous comptaient ils nous forçaient
à nous asseoir sur nos genoux, les mains
dans le dos, la tête baissée, sans
parole ni mouvement, vêtus d'habits spéciaux.
Sans compter la nourriture qui vous fait souffrir
tout le temps parce qu'elle est toujours avariée,
la situation sanitaire est pire là-bas
car il n'y a rien de plus que de l'aspirine
quel que soit le mal dont vous souffrez. Nous
avons déclaré à plusieurs
reprises que nous refusions de manger, en grêve
à cause des conditions décrites
ci-dessus. Ils sont venus pour négocier,
nous leur avons dit que loin de toute considération
politique nous sommes des humains et devons
être traités comme tels, "il
n'est pas nécessaire de nous asseoir
de cette manière durant l'appel, ni de
baisser le tête. Quel genre d'humiliation
vous utilisez contre nous? nous voulons que
cela cesse, c'est une honte de nous traiter
ainsi, nous ne sommes pas à Guantanamo,
nous sommes en 2009 pas au Moyen-Âge européen."
...et ce n'est qu'une petite partie de ce qui
se passe dans les prisons pour plus de 11'000
prisonniers palestiniens.
Mahmoud Zwahre