15 janvier 2009
à Mme M. Berset-Kohen
Représentante de la Suisse
Conseil de droits de l’Homme
Palais des Nations Unies
av. de la Paix 8-14
CH - 1202 GENEVE
Madame,
Je désapprouve l’abstention de
la délégation suisse au conseil
des droits de l’Homme lors du vote de
la résolution condamnant Israël
pour son agression contre Gaza. Les informations
que j’ai lues par ailleurs montrent que
mes concitoyens sont mal informés sur
ce qui se passe en Palestine, en Gaza à
particulier. C’est pour quoi je vous adresse
ma protestation sous forme de lettre ouverte,
que je transmets à divers quotidiens.
Je souligne cependant un acte courageux puisque
vous avez accepté la tenue de la session
spéciale à propos de Gaza.
Veuillez agréer, Madame, l’expression
de mes salutations distinguées.
Roland Lombard
Président du Collectif Interuniversitaire
Pour la Coopération avec les Universités
Palestiniennes
Copie à Mme la Conseillère fédérale
M. Calmy-Rey
à M. U. Lehner, Ambassadeur
de Suisse en France
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Lettre ouverte à Mme M. Berset-Kohen
Représentante de la Suisse au Conseil
des droits de l’Homme.Madame,
Lors de la session spéciale du Conseil
des droits de l’Homme, la délégation
suisse s’est abstenue de voter la résolution
condamnant l’opération militaire
israélienne contre Gaza depuis le 27
décembre dernier. Je désapprouve
cette abstention, qui ne peut que conforter
l’état d’Israël dans
sa politique de terreur à l’encontre
des Palestiniens. Depuis plus de soixante ans,
ce peuple subit le joug d’un acte colonial
avec son cortège de spoliations, d’exactions
et d’humiliations. Soixante ans que les
gouvernements israéliens successifs bafouent
le droit international et le droit humanitaire.
Ces dernières années, les Palestiniens
ont été quotidiennement victimes
d’incursions de l’armée israélienne,
victimes d’assassinats ciblés,
d’arrestations arbitraires, sans parler
des entraves multiples à la libre circulation
des biens et des personnes, des destructions
de maisons, d’arrachages des oliviers,
de confiscations de terre.
Les violences palestiniennes sont des actes
de désespoirs face à une situation
qui ne fait qu’empirer, face au déni
de justice imposé par l’occupant.
Leurs effets sont sans communes mesures avec
les exactions commises par l’armée
israélienne et les colons. Rien ne justifie
les morts de Gaza, en particulier des enfants,
et rien ne justifie non plus la destruction
systématique des infrastructures palestiniennes.
Aucune autorité occidentale n’a
agit de manière concrète pour
faire cesser l’étouffement des
Gazaouis provoqué par le blocus. Or,
il n’y aura pas d’issue au drame
vécu en Palestine sans qu’un terme
soit mis à l’impunité dont
jouit Israël, tant que ne cessera pas la
complicité tacite dont font preuve les
dirigeants occidentaux. Paradoxalement, la condamnation
sans réserve des actes contraires aux
droits international et humanitaire est la seule
voie capable d’apporter un soutien effectif
à ceux des israéliens qui réprouvent
le colonialisme de leur gouvernement et luttent
au côté des Palestiniens pour que
ceux-ci recouvrent leurs droits légitimes.
On parle souvent de la sécurité
d’Israël, on n’évoque
jamais celle des Palestinens et rarement les
souffrances qu’ils endurent. Le peuple
palestinien n’en finit pas de payer pour
des crimes qu’il n’a pas commis.
Si nous ne lui apportons pas un soutien efficace
sur le plan politique, il ne lui restera que
la violence ou l’agonie.
La délégation suisse, selon les
informations que j’ai pu lire, est la
seule parmi les représentations des pays
occidentaux à avoir soutenu la tenue
de cette session sur Gaza. Une position courageuse
dont je prends acte. J’aurais aimé
qu’elle soit suivie d’une attitude
plus ferme face à l’inacceptable.
Pour le moins, la Suisse est en droit d’exiger
la stricte application des conventions de Genève
par l’occupant.
Roland Lombard