Environ 50 personnes engagées ou intéressées dans le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien ont assisté au meeting de soutien à la lutte du Comité Populaire du village de Bil'in organisé par le Collectif Urgence Palestine le 3 décembre 2010 à Genève. Les intervenants au meeting étaient Iyad Burnat, l'un des principaux organisateurs du Comité Populaire et Rémy Pagani, conseiller administratif de la ville de Genève qui avait participé en février 2010 à l'une des manifestations hebdomadaires du Comité Populaire.
 

Le mouvement de résistance non-violente de Bil'in a commencé en 2004 quand les bulldozers de l'armée israélienne ont commencé à raser une partie des oliveraies de ce village de Cisjordanie pour y installer le mur (ou «clôture de séparation») censé empêcher les attentats de Palestiniens en Israël. De fait, le mur est érigé très largement à l'intérieur des territoires occupés palestiniens et a comme conséquence l'annexion de fait de larges parties de ces territoires. En ce qui concerne Bil'in, le mur sépare le village d'une grande partie de ses terres agricoles.

La résistance de la population contre la confiscation de leurs terres s'est constamment développée à plusieurs niveaux. D'une part le mouvement organise de très nombreuses manifestations, hebdomadaires depuis cinq ans, ainsi que des actions symboliques pour dénoncer l’édification du mur et l'accaparement des terres qui en résulte. D'autre part tous les moyens juridiques sont aussi utilisés, notamment auprès de la Cour suprême israélienne, pour empêcher ou retarder la construction du mur. Les batailles juridiques ont permis récemment de déplacer le tracé du mur de plusieurs centaines de mètres, permettant ainsi de récupérer plusieurs dizaines d'hectares de terres.

Très vite, le mouvement de Bil'in s'est enrichi de la participation active des groupes d'israéliens anticolonialistes et de militants de la solidarité internationale.

L'action du Comité populaire est dirigée à la fois contre la construction du mur et contre les colonies de peuplement israéliennes. En effet, le tracé du mur, qui entoure les colonies israéliennes en territoire palestinien, est avant tout fonctionnel à l'établissement, et dans le cas de Bil'in comme dans beaucoup d'autres, à l'agrandissement des colonies. Il faut rappeler que toutes les colonies israéliennes dans les territoires occupés palestiniens, y compris à Jérusalem-Est sont illégales d'après le droit international, et notamment d'après l'art. 49 de la Quatrième Convention de Genève.

Un mouvement non-violent

Le caractère non-violent est un trait fondamental de la résistance du Comité Populaire de Bil'in. Iyad Burnat a souligné que le mouvement s'en tiendra à la lutte non-violente malgré toutes les tentatives de l'Etat et de l'armée israéliennes de le pousser à abandonner la lutte non-violente pour réagir ou pour se défendre avec d'autres moyens. Parmi ces tentatives de l'armée et de la police israéliennes il faut mentionner l'infiltration d'agents des forces spéciales déguisés en manifestants provocateurs, les manifestants tués parfois par des tirs rapprochés, les descentes et raids nocturnes de l'armée dans le village, les très nombreuses arrestations de personnes participant aux manifestations. Les Comités Populaires militants de ce mouvement veulent à tout prix éviter de tomber dans le piège de la confrontation militaire avec les forces d'occupation israéliennes comme cela était arrivé à la deuxième Intifada. À ses débuts, en octobre 2000, ce soulèvement populaire contre l'occupation était caractérisé par des grandes manifestations de masse qui ont été très brutalement réprimées par l'armée israélienne qui a tué des dizaines de manifestants dans les territoires occupés et même en Israël.

La réponse palestinienne avec des moyens militaires a eu comme effet d'alimenter une spirale de violence armée qui a rapidement tourné à l'avantage de l'Etat d'Israël, détenteur d'une supériorité militaire absolument écrasante.

Aujourd'hui cette forme de résistance non-violente à l'occupation connaît un succès grandissant, puisqu'il y a 16 Comités Populaires analogues à celui de Bil'in qui se sont constitués en différents villages et villes des territoires occupés, y compris un dans la bande de Gaza.
 

Parmi les prochaines activités du Comité Populaire de Bil'in signalons la conférence internationale sur la résistance populaire qui se tiendra à Bil'in du 22 au 24 avril 2011 ainsi que l'action de replantage de 1000 oliviers dans les endroits d'où les oliviers avaient été arrachées pour faire place au premier tracé du mur. La soirée organisée à Genève a permis de récolter l'argent pour replanter 56 oliviers (à 20.- pour l'achat d'une petite plante de 5 ans)

Plus d'infos:
http://www.bilin-village.org/
http://www.bilin-ffj.org/

Tobia Schnebli