Genève, 20 jullet 2009
Monsieur,
Dans son article du 9 juillet, le Courrier,
non sans une certaine légèreté,
reprend les accusations portées contre
le Collectif Urgence Palestine par la CICAD
accusant celui-ci d’héberger sur
son site des caricatures qu’elle qualifie
d’antisémites. Ces accusations
sont reprises telles quelles dans l’article
du Courrier avec un titre racoleur: «caricatures
antisémites chez Urgence-Palestine?».Un
tel titre, même ponctué par un
point d’interrogation, peut amener le
trouble auprès des lecteurs du Courrier.
Pour eux et pour la confiance dont ils honorent
le CUP depuis sa création en 2002, le
comité a pris la décision de répondre
à ces attaques.
1.- Durant l’offensive de Gaza (date
à laquelle les dessins de Latuff ont
été mis sur notre site), de nombreuses
voix se sont élevées contre la
barbarie israélienne. Chacune de ces
voix, faite de leurs mots, de leurs chants,
de leurs dessins, a tenté d’en
appeler à la Conscience Universelle,
à l’idée de la Justice,
au respect des Droits Humains, pour que cesse
cette barbarie qui tuait sans distinction des
enfants, des vieillards, des blessés,
bombardait des écoles, détruisait
les hôpitaux. Et nombreuses ont été
ces voix qui retentissaient en Israël:
du «J’accuse»
d’Amira Hass à «Effacez
le nom de mon grand-père à Yad
Vashem» de Jean-Moïse Braitberg,
pour ne citer que ceux-là, de nombreux
Juifs ont lancé un cri d’alarme
contre des actes qui leur rappelaient la barbarie
des régimes totalitaires, même
s’ils s’inscrivaient dans la continuité
de toutes les atrocités coloniales. Les
dessins de Latuff s’inscrivent dans cette
volonté de faire «prendre conscience»
- à travers la réminiscence d’un
passé douloureux - que des crimes contre
l’humanité se déroulaient
sous nos yeux.
2.- Sous l’accusation d’antisémitisme
à propos de ces dessins, la CICAD tend
à jeter le discrédit sur l’engagement
du CUP qui «semble se muer en un combat
peu recommandable» (cf. site
de la CICAD). Ces campagnes de diffamation
sont récurrentes et tendent à
étouffer les témoignages des militants
de la solidarité concernant les crimes
de guerre de l’armée israélienne.
Le 3
juillet 2009, devant la Mission permanente d’Israël,
le collectif Urgence-Palestine dénonçait
l’arraisonnement du bateau «Free
Gaza» dans des eaux
internationales et l’emprisonnement de
ses occupants non armés dont le seul
but était l’acheminement des médicaments
à une population assiégée
qui comptent des milliers d’enfants cancéreux,
diabétiques, sous-alimentés. Et
le 8 juillet, la CICAD lançait l’accusation..reprise
par le Courrier!
Face à la tragédie du peuple
palestinien, le Collectif Urgence Palestine
considère qu’il est du devoir de
chacun de refuser que les enseignements du passé
– le génocide juif - devienne une
religion «civile»*
dont l’unique fonction consiste à
légitimer l’occupation israélienne.
Les «actes inqualifiables» dont
la CICAD nous accuse, sont et resteront des
actes que nous dictent notre conscience et qui
s’inscrivent dans le soutien à
la longue marche des opprimés et des
victimes des politiques de pouvoir.
La CICAD et les diverses officines qui dispensent
ce genre de calomnie ne semblent pas ou ne veulent
pas réaliser que les mouvements de solidarité
qui s’engagent aux côtés
des opprimés sont reliés à
l’Histoire par ce lien invisible qui porte
les noms de Justice, Utopie, ou Révolution.
Invisible, mais profond, ce lien nous préserve
de toutes les idéologies qui méprisent,
avilissent, ou excluent une partie de l’Humanité.
Collectif Urgence-Palestine
*Enzo Traverso, «Le
passé, mode d’emploi, histoire
mémoire, politique» Ed. La
Fabrique, Paris 2005